Taxe carbone sur les pays en développement : les économies émergentes peuvent-elles se permettre de payer leurs émissions ?

CRÉDIT D'IMAGE:
Crédit image
iStock

Taxe carbone sur les pays en développement : les économies émergentes peuvent-elles se permettre de payer leurs émissions ?

Taxe carbone sur les pays en développement : les économies émergentes peuvent-elles se permettre de payer leurs émissions ?

Texte du sous-titre
Des taxes carbone aux frontières sont mises en place pour encourager les entreprises à réduire leurs émissions de carbone, mais tous les pays ne peuvent pas se permettre ces taxes.
    • Auteur :
    • Nom de l'auteur
      Prévision quantique
    • 27 novembre 2023

    Résumé des informations

    Le mécanisme d'ajustement carbone aux frontières (MACB) de l'Union européenne vise à uniformiser les règles du jeu en matière d'émissions de carbone, mais pourrait par inadvertance pénaliser les pays en développement qui manquent de moyens pour une décarbonation rapide. Alors que les pays développés pourraient gagner 2.5 milliards de dollars de revenus supplémentaires grâce à une taxe sur le carbone, les pays en développement pourraient subir une perte de 5.9 milliards de dollars, mettant ainsi à l’épreuve leur position économique et commerciale. Cette disparité remet en question le principe des responsabilités différenciées dans l’action climatique, suggérant la nécessité de stratégies sur mesure qui reconnaissent les différentes capacités et niveaux de développement. Les conséquences plus larges pour les économies en développement pourraient inclure un rétrécissement de l’industrie, des pertes d’emplois et une poussée vers une collaboration régionale en matière d’exemptions, ainsi qu’un afflux potentiel de soutien étranger et d’investissements dans les technologies vertes.

    Taxe carbone dans le contexte des pays en développement

    En juillet 2021, l'Union européenne (UE) a publié une stratégie globale visant à accélérer la réduction des émissions de carbone. Le Mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACB) vise à standardiser la tarification du contenu carbone dans toute la région, quel que soit le lieu de fabrication des produits, en imposant des taxes aux frontières. Le règlement proposé couvre en premier lieu le ciment, le fer et l’acier, l’aluminium, les engrais et l’électricité. Même s’il semble judicieux de taxer les entreprises sur les émissions de carbone liées à leurs processus de fabrication et d’exploitation, toutes les économies ne peuvent pas se permettre un tel fardeau.

    En général, les pays en développement ne disposent ni de la technologie ni du savoir-faire nécessaires pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Ce sont eux qui risquent d'y perdre le plus, car les entreprises de ces territoires devront se retirer du marché européen faute de pouvoir respecter la réglementation sur la taxe carbone. Certains experts pensent que les économies en développement peuvent soumettre une pétition à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) pour obtenir des exemptions et une protection contre ces droits de douane. D’autres suggèrent que des organisations régionales comme l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) et la Coopération économique Asie-Pacifique (APEC) puissent travailler ensemble pour partager les coûts administratifs et négocier pour que les recettes de la taxe carbone reviennent aux industries locales plutôt qu’aux autorités étrangères.

    Impact perturbateur

    Quels sont les effets des taxes carbone sur les pays en développement ? L'agence commerciale des Nations Unies, la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), estime qu'avec une taxe carbone de 44 dollars par tonne, les pays développés disposeront d'un revenu supplémentaire d'une valeur de 2.5 milliards de dollars tandis que les économies en développement perdront 5.9 milliards de dollars. Les économies en développement d’Asie et d’Afrique ont moins de capacité à entreprendre des réductions coûteuses de leurs émissions. Ils ont également tendance à être plus exposés aux risques climatiques, ce qui signifie qu’ils ont davantage à gagner des efforts de réduction des émissions à long terme. Toutefois, à court terme, ils pourraient être peu incités à se conformer à des mesures susceptibles d’avoir un impact significatif sur leur économie. Une autre raison de résistance est que les pays en développement peuvent perdre des parts de marché dans les économies développées, car une taxe sur le carbone rendrait les produits en provenance des pays en développement plus chers. 

    Ce déséquilibre n’est pas conforme au principe de responsabilité commune mais différenciée et de capacités respectives (CBDR-RC). Ce cadre stipule que les pays avancés devraient prendre l’initiative de lutter contre le changement climatique, compte tenu de leurs importantes contributions à ce problème et de leurs technologies supérieures pour y faire face. En fin de compte, toute taxe carbone imposée devrait tenir compte des différents niveaux de développement et de capacités entre pays développés et pays en développement. Il est peu probable qu’une approche universelle parvienne à convaincre tous les pays de s’engager dans la lutte contre le changement climatique.

    Implications plus larges d’une taxe carbone sur les pays en développement

    Les implications possibles d’une taxe carbone sur les pays en développement peuvent inclure : 

    • Les entreprises manufacturières et de construction des économies en développement perdent des revenus en raison de la diminution de leur part de marché mondiale. Cela peut également conduire au chômage dans ces secteurs.
    • L’UE et d’autres pays développés étendent leur soutien, leur technologie et leur formation aux économies émergentes pour les aider à réduire leurs émissions de carbone.
    • Les gouvernements des économies en développement encouragent leurs industries locales à investir dans la recherche de technologies vertes, notamment en accordant des subventions et en obtenant des financements de la communauté internationale.
    • Les organisations économiques régionales s’unissent pour faire pression en faveur d’exemptions à l’OMC.
    • Certaines industries à forte intensité de carbone profitent d’éventuelles exonérations de taxe carbone pour les économies émergentes et délocalisent leurs opérations vers ces pays.

    Questions à commenter

    • Comment rendre les taxes carbone plus équitables pour les économies en développement ?
    • Sinon, comment les pays développés peuvent-ils aider les économies émergentes à réduire leurs émissions de carbone ?

    Références Insight

    Les liens populaires et institutionnels suivants ont été référencés pour cet aperçu :